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Bleck attitude
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30 décembre 2015

Absolument Jeanne...

 

 

 Je suis tout à fait d'accord Jeanne, j'ai toujours été très attentif aux racontages (fréquents) de mes deux parents (nés à 3 mois d'écart) lorsqu'ils évoquaient leur éducation, les moeurs de leurs deux familles.

René mon père est un enfant du pavé, fils d'un contremaître à l'arsenal famille ouvrière républiquaine, on travaille dur certes mais la vie est aisée on se déplace en train, on habite une maison bourgeoise avec le chauffage central une salle de bains la maison est lumineuse depuis le séjour avec TSF on voit la rade...  un jardin les deux enfants auraient pu faire des études d'ailleurs la soeur de René est polyglotte elle habitera Paris dès la libération où elle suivra un Américain (peuple béni...) Ernest est le héros local de Verdun ils sont partis à 7 copains du département au retour et après bien des blessures il a fait le tour des sept familles endeuillées (à bicyclette) c'était le seul survivant. Il n'a pas survécu aux dégats provoqués par l'hypérite j'ai très bien connu Augustine j'ai même regretté de l'avoir connue, aucun intérêt.

Lucienne ma mère est la dixième enfant (5 garçons, 5 filles) d'une famille d'agriculteurs (propriétaires de leurs terres) ils ne manquent de rien on fait "attention" naturellement ! On ne va jamais à Cherbourg (37 kilomètres) lorsque on va l'été à Carteret (3,300 kms) de la ferme il est défendu de regarder les femmes ou les hommes (les Parisiens ont des moeurs dissolues...) chacun doit rester à sa place ! Quatre enfants mourront de la tuberculose, les ouvriers agricoles vivent dans l'étable ils ont été choisis à la Saint Michel à Bricquebec ce n'est pas dégradant c'est ainsi, d'ailleurs ils mangent à la table familiale le même repas partagé, c'est ce qu'on appelle une bonne place. Louis le patriarche est le maire de la commune, lorsqu'il y a un drame dans la commune il héberge personnellement les victimes il pleure après être allé reconnaître le corps d'un noyé ou constater les dégâts d'un incendie c'est une personne respectée le dimanche le curé et l'instituteur déjeunent à la maison une poule au pot, Marie la maman reste debout c'est elle qui sert elle mangera après (peut être) ce n'est pas dégradant c'est ainsi. Tout le monde sait lire et écrire mais le seul voyage que le Louis a réalisé c'est pour partir à la guerre et en revenir sans une égratignure. Marie est morte avant ses 50 ans usée, son mari la suivie 5 ans après muré dans le silence.

Oui, il y avait jusque dans les années 60/70 un choc culturel entre la vie de ville et la vie de campagne dans le Cotentin (puisque je ne peux parler que de ce que je connais) je suis même persuadé qu'il perdure encore... Nous fréquentions la famille de Maman mais il y avait un gouffre entre nos deux façons de fonctionner la différence n'était pas financière, j'ai souvenir que René n'était pas  vraiment pris au sérieux... c'était un gârs du port il avait ses fins de semaine, des vacances il portait propre fumait la pipe ses beaux frêres considéraient qu'il travaillait à peine, il chantait et riait, préférait se promener au bras de sa femme et trouver une branche de noisetier pour faire me faire un arc plutôt que de participer à une battue ou aller ramasser du varech, est-ce que c'était un homme un vrai... les cons !

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Commentaires
C
Une chose entre autres dont je me souviens des récits de mes parents :<br /> <br /> "On n'était pas payé cher mais on pouvait quitter une place et en avoir une autre dès le lendemain."
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L
Quelle belle histoire ! Moi aussi j'ai beaucoup écouté mes parents, et beaucoup raconté dans mon blog. Ma mère était enviée par ses sœurs parce qu'elle a épousé "un chauffage central". Et Cherbourg, la Hague, c'est l'enfance de ma grand-mère maternelle. <br /> <br /> Et tant que je suis là, bonne année à toi Bleck ainsi qu'à tous ceux qui te sont chers.
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J
mais bien sur que les gars de l'Arsenal étaient des fainéants , tout comme les cantonniers et les cheminots <br /> <br /> Tu retranscris parfaitement la vie rude et la vie aisée à la même époque <br /> <br /> Le chauffage central , ma mère en rêvait , moi aussi ! imagine , tu passes d'une pièce à l'autre , même température , le grand luxe <br /> <br /> les gens étaient solidaires , ne laissaient personne vivre avec la faim , mais mais , y'avait de la violence quand même , des abus , des coups ... <br /> <br /> Le maire de la commune avait de lourdes tâches , il faisait pas ça pour la gloire <br /> <br /> beau récit , réaliste , un peu comme une toile de Caillebotte , la vraie vie des gens de là haut
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C
Quelle vie rude ! Comme chez Jeanne, on a l'impression que tu remontes à des temps immémoriaux. <br /> <br /> J'en aurais bien autant à raconter : la vie dans la campagne piémontaise du côté de mon grand-père maternel, ou au fin fond de l'Irlande ancestrale du côté de ma grand mère paternelle...Ce devait être du lourd aussi !<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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