Gaffe...
Sous-titre : Faut que je fasse gaffe...
Inspiré par une lecture de chez Chou. "Oui, encore. Oui, ce n'est que de l'inspiration. Non, ce n'est pas sexuel. Non, ce n'est pas politique. Non, ce n'est pas très gai. Oui, tu peux sortir et sans faire de bruit, c'est autorisé."
Voilà moins d'une heure nous buvions un café avec François, assis sur la terrase lézardant au soleil. Pas un mot entre nous, chacun était dans ses pensées et discrétement j'observais mon fistion. Mon fils, mon miroir... c'est fou.
Mon vieux papa est décédé voilà cinq, six peut-être sept ans, je ne fais pas attention aux dates... C'était il y a longtemps, ou hier. Il n'est plus là c'est tout.
René est mort juste avant ses quatre vingt ans. Il avait perdu l'amour de sa vie sa femme, ma mère quelques années auparavant il était perdu, fini il n'avait d'intérêt pour rien.
Notre relation était forte. Il était mon père j'étais son fils nous étions voisins et de bons potes. Je l'emmenais en tournée de temps à autre, je ne bossais pas, pas le temps... nous faisions mille bornes on rigolait comme des cons tous les deux dans la Lagouna... "tiens arrête toi là..." on regardait le paysage je lui ai fait découvrir le Sud Ouest, on se tapait la cloche dans de bonnes auberges "vous nous rapporterez des frites, Mademoiselle..." on partageait la même chambre. On avait exactement le même humour, le sens du décalage, faire le clown gratuitement a froid, aborder les gens dans la rue, on était en phase immédiatement c'était génial. Je n'ai jamais ri autant qu'avec mon papa.
Mais il s'ennuyait ferme sans but et puis il était lardé de principes de vie... c'est comme ça. Hors de question d'aller dans un troquet tout seul. Je le poussais à se faire plaisir à se laisser aller aux plaisirs simples de la vie, il avait de bons revenus... J'ai tenté de le pousser à des petites folies, il me nommait ses "copines" on parlait sexualité par exemple... mais non, il était sur la réserve, ça ne se faisait pas... Faut que je fasse gaffe !
J'ai totalement conscience de partager une ressemblance absolue avec René. Les traits de notre visage, nos attitudes, nos manières, notre caractère nous chantons de la même façon, ce regard insistant parfois pesant, une grande sensibilité, la démarche... François, je vois ton grand-père.