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Bleck attitude
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31 mars 2011

Quai de Caligny...

La boutique était orientée plein Est...

J'ai passé des journées entières, toute ma jeunesse, dans une boutique de vente de "Souvenirs" cette boutique était située sur un quai c'est là que j'ai tout découvert sur ce port, sur les quais du port de commerce de Cherbourg, dans le magasin d'Yvonne.

Il faut dire que sur un port il y a toujours du spectacle... c'est absolument incroyable ce qu'il y a comme personnages à découvrir, ça bouge de partout.

Déjà... la situation géographique face au magasin le pont tournant, le noeud du port, la clameur des matelots rentrant de la mer et franchissant les bassins pour aller décharger à la criée. Un peu plus loin au Sud la montagne du Roule veille sur la ville. Légèrement sur la gauche en face le quai avec les ateliers de réparation des petits bateaux, la forme de radoub, les arcs de soudage, les marteaux qui calfatent les coques, la peinture qui ripoline de partout. Juste sur le côté gauche le bar et tous ses excès quelques bagarres en fin de journées les jours de paye. Juste sur le côté droit le salon de coiffure de l'oncle Jean et la découverte de Paris Match de Jour de France et puis de la page centrale de Lui, de Play Boy... ces heures à écouter les vieux pêcheurs raconter leur difficile marée...

Je vous parlais de personnages...

L'idiot du village qui comptait tout, tout ! Avec ses pas, avec ses doigts, avec ses mains... il comptait tout  les distances, la largeur du trottoir, la hauteur du képi de l'agent de ville, le nombre de vélos, tout et tous les jours une fois même, il est tombé dans le port en comptant la distance qui séparait une voiture sagement garée face à l'eau... il faisait des petits pas... il est tombé dans l'eau.

Cette femme qui attendait le retour de son mari parti un jour dans la direction d'en face... c'est à dire plein Est... il était partit et chaque soir elle était là à faire les cent pas à attendre son retour des années durant... un jour on ne l'a pas revue est-il rentré, est-elle partie plein Est...

Le patron du Yalta... un bar de nuit sur le port à cent mètres de la boutique un type étrange toujours habillé de blanc et de noir jamais un sourire, sans âge... Je n'ai jamais connu le son de sa voix il me faisait peur, genre indic ou mafieux, sais pas...

Claudine la vendeuse de la boutique qui me racontait des histoires étranges lorsqu'elle avait un moment... et elle avait souvent un moment... Claudine inventait des histoires entre aventure et romantisme des trucs étranges... j'aimais bien.

Les vendeuses de poisson juste en face dans leur abri-bus elles étaient quatre, qu'il pleuve, qu'il vente dès que les petits bateaux rentraient paf immédiatement elles vendaient le résultat de la pêche et nous on allait acheter le congre, les maquereaux, les merluchons directement  elles les déposaient dans la marmite, c'était une promesse de  délice.

André, le garçon coiffeur de l'oncle Jean. C'était le coq de cette partie des quais il se faisait payer chaque soir et chaque soir il claquait son fric au Casino... il faisait cocu les pêcheurs il s'en vantait le bougre.

 

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Commentaires
M
très vivante cette peinture ! les ports sont effectivement des endroits qui donnent envie de partir et de revenir !
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B
@ Greg - Merci.
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D
Si le grand Jacques était encore de ce monde,il aurait fait une chanson de ton superbe texte.
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B
@ Christophe - J'ai vécu dans cette ambiance mes vingt premières années, le top ma période 12 à 17 ans, ma période "éponge".
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C
Tu as vécu tout ça de quel âge à quel âge ?
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